Slum
Moss Lab s’interroge sur les possibles traces visuelles dans le paysage de lieux de transit tels que les bidonvilles (slums en anglais), regroupements éphémères de parcours de vie, micro-sociétés reflets de la fracture sociale.
Les bidonvilles sont éparpillés dans l’espace urbain puis régulièrement effacés de la ville. Lorsqu’on réalise une recherche sur une application de vues aériennes, on constate parfois que l’urbanisme a été modifié depuis la prise de vue et que l’image n’est plus le reflet actuel de l’espace représenté. Sur un écran d’ordinateur ou de smartphone, ces applications proposent de percevoir une représentation du monde modélisée dans un environnement 3D. Les processus de modélisation algorithmiques s’emparent de plus en plus de notre perception du monde et la façonnent.
Dans le cas des bidonvilles cette obsolescence de l’image a valeur de trace, de témoignage et prend un sens différent s’écartant de sa valeur d’utilité initiale. C’est pourquoi dans la série Slum l’artiste plasticienne Moss Lab collecte, s’approprie et détourne des photographies satellites ou aériennes prélevées sur l’application Google Earth, qui correspondent à des zones recensées par le document "l'état des lieux des bidonvilles en France métropolitaine en juillet 2018* ».
Au-delà d'une typologie établie selon des critères de cadrage et d'angle de vue, l'artiste assemble les prises de vue par quatre et génère ainsi des passages entre les territoires malgré la frontière artificielle de la limite de chaque image pour évoquer la transhumance permanente que vivent ces populations qui chassées d’un terrain se mettent en quête d’un nouveau lieu à habiter. Sur les images assemblées des passages s’opèrent entre les lignes, les signes, les similitudes des zones qui ont pour point commun une occupation temporaire de terrains où la vie s'organise parallèlement à celle des riverains.
* : dans le dispositif de présentation le document est consultable avec les photographies exposées.